France 2, mardi 3 janvier 2017, il est 20H et 3 minutes, David PUJADAS  frétille sur sa chaise.

Juste après le sujet grave de la reprise du chantier naval STX France de Saint-Nazaire par un constructeur italien (7000 salariés concernés, excusez du peu), il a une bonne nouvelle à annoncer à tous les téléspectateurs :

le grand magasin du Printemps Haussmann à Paris va ENFIN pouvoir ouvrir tous les dimanches, un accord a été signé avec les partenaires sociaux !

Victoire ! On respire, tous les grands magasins parisiens ont leur accord pour ouvrir 7 jours sur 7.

Il était temps ! Pauvre Printemps, il ne savait plus où donner de la tête : un coup on signe, un coup on ne signe pas… Finalement, c’est signé. Ouf.

C’est le 2ème titre du sacro-saint 20H de la chaîne publique la plus regardée.

France 2 CFDT cherequeIl s’agit de bien faire passer la propagande patronale au moment où le téléspectateur est bien frais et réceptif.
Tout le monde sait que les infos les plus importantes sont en début de journal.

Après, le téléspectateur est fatigué, il se déconcentre ou pire, il zappe.

Et le reportage de France 2 dure 3 bonnes minutes pour bien nous bourrer le crâne : le travail du dimanche, c’est bien, c’est plus de pouvoir d’achat, plus d’emplois.

La voix off – au ton dramatique, typiquement journalistique – articule bien pour que tout le monde se rende compte à quel point les compensations pour les salariés sont importantes : chaque dimanche sera travaillé sur la base du volontariat, il sera payé double + 60 euros pour faire garder les enfants.

« Heureusement » que « les partenaires sociaux » responsables (….euh irresponsables…..) que sont la CGC, la CFDT et l’UNSA Printemps ont signé avant le 1er janvier 2017, c’était moins une.

Pourquoi ? Parce que la loi El Khomri modifie à compter du 1er janvier 2017 les conditions de validité d’un accord collectif.

Avant, un accord collectif était valable s’il était signé par une ou des organisations syndicales totalisant au moins 30% de représentativité.

Effectivement depuis le 1er janvier 2017, il faut que ces organisations syndicales totalisent 50% de représentativité (c’est-à-dire qu’elles aient recueilli plus de 50% des suffrages exprimés au 1er tour des dernières élections des titulaires au comité d’entreprise ou de la délégation unique du personnel, à défaut des délégués du personnel).

Or, les partenaires responsables qui ont signé le 30 décembre 2016, la CGC, la CFDT et l’UNSA Printemps, ne représentent à eux trois que 42,7% !
Pour un peu, le Printemps n’aurait pas eu son accord !

Les salariés pourront leur dire MERCI, à ses partenaires sociaux responsables pour tous les effets collatéraux de cette ouverture 7/7.

Ainsi que les parisiens qui n’auront plus un jour de respiration et de calme pour se balader en famille ou entre amis.

Enfin les petits commerçants, les artisans qui ne pourront pas ouvrir 7 jours sur 7, faute de moyens, et qui se retrouveront en difficulté, voire en faillite.
C’est bien dommage quand on sait que les emplois de qualité sont créés par les petits commerçants et les artisans.

Mais tout ça, France 2 s’en fout. Pas nous.

Pour savoir ce que nous pensons de cet accord du Printemps, lire notre article : http://www.syndicat-commerce.fr/le-printemps/travail-dominical-printemps/

Le SCID : pour replacer l’humain au centre des décisions