Après des mois de négociations, la Fnac pensait avoir trouvé un compromis sur l’épineuse question du travail le dimanche. Il faudra probablement encore attendre. Ce mercredi, la direction a confirmé être parvenue à un accord sur le travail le dimanche avec trois syndicats représentant plus de 30% des salariés de l’enseigne culturelle. Le texte prévoyait notamment le triplement des salaires des 12 dimanches les plus performants, et leur doublement pour les 40 autres.

Mais, la CGT et FO sont fermement opposés à cet accord et devraient faire valoir leur droit d’opposition à cet accord. Selon l’AFP, Sud ferait de même. Ceci permettrait aux trois organisations -qui totalisent plus de 50% dans le groupe- de faire invalider le texte, indispensable selon la loi Macron pour pouvoir ouvrir les magasins des zones touristiques internationales (ZTI) 52 dimanches par an. «Les 12 dimanches du maire prévus par la même loi Macron, soit trois mois de l’année, sont déjà un sacré recul social. FO non seulement ne signera pas mais fera valoir son droit d’opposition», a ainsi confirmé au Figaro Thierry Lizé, porte-parole de FO.

Comme pour nombre d’enseignes qui négocient toujours pied à pied pour obtenir ce précieux accord, c’est un nouveau coup d’arrêt pour la Fnac dans sa bataille pour ouvrir sa dizaine de magasins parisiens le dimanche. Fervent défenseur de l’extension du travail dominical dans les zones touristiques internationales (ZTI) instituées par la loi Macron, le groupe dirigé par Alexandre Bompard était pourtant l’un des mieux disant sur le plan social. Dans les magasins ouvrant régulièrement le dimanche (dans les ZTI), une majoration de salaire de 200% était prévue pour les 12 dimanches les plus performants, et un doublement pour les autres dimanches de l’année. La Fnac promettait par ailleurs le recueillement du volontariat trois fois dans l’année, ainsi que la prise en charge des frais de taxis, ou encore celle (en partie) des frais de garde. En revanche, dans les magasins ouvrant maximum 12 dimanches de l’année, le majoration resterait de 100%, mais avec un repos compensateur cette fois. Des garanties que la CFTC, deuxième syndicat du groupe, et la CFDT, avaient jugé suffisantes. Toute comme CFE-CGC (5,9% de représentativité).
L’écueil du «veto» de la CGT

Mais pour les syndicats opposés par principe à la reforme du travail dominical dans les commerces, la Fnac n’aurait pas donné assez de garanties sur le plan des embauches. L’enseigne aurait ainsi proposé d’augmenter de 2,6% les effectifs des magasins en cas d’ouvertures récurrentes. «Dans un groupe dont les performances économiques ne viennent depuis des années que des plans sociaux, ce n’est pas un engagement suffisant, avance ainsi Boris Lacharme, délégué syndical CGT . Dans six mois, les effets de ces embauches seront déjà annulés». «S’ils nous avaient promis 15% de salariés en plus, on y aurait peut-être regardé à deux fois, concède le porte-parole. Et encore, il faudrait que la Fnac nous démontre que les contreparties actuellement proposées rendent les ouvertures rentables pour la société. Rien n’est moins sûr».

Mercredi, la Fnac a fait malgré tout savoir par communiqué qu’elle s’apprêtait à lancer les procédures d’information-consultation d’usage, auprès des instances représentatives du personnel. Une procédure qui ne peut excéder trois mois et au terme de laquelle l’accord pourra être dûment signé et notifié. Les syndicats récalcitrants à l’accord auront ensuite huit jours pour faire valoir effectivement leur veto.

En parallèle de ces rebondissements, d’autres enseignes continueront à négocier pour obtenir un accord social. Selon nos informations, les discussions de branche menées par l’UCV depuis des mois pour les grands magasins parisiens ayant échoué, les Galeries Lafayette ouvriront des négociations au niveau de l’entreprise, début février. figaro