La vision du dialogue social chez cora ça donne cela sur le terrain:

« On est fliqués ici. Nos vies privées et nos libertés ont été bafouées ». Les salariés du grand supermarché Cora, de Garges-lès-Gonesse sont sous le choc.

Lundi, l’inspection du travail les a informés que leurs moindres faits et gestes étaient filmés par les caméras de vidéosurveillance du magasin.À l’intérieur, comme à l’extérieur de l’établissement. De la plaque d’immatriculation de leurs véhicules à la simple sortie du magasin, ces employés ont été filmés, à leurs dépens.

Une utilisation des caméras considérée comme « détournée de leur usage initial », selon Marie Paulini, hôtesse d’accueil chez Cora. « Ils souhaitent se débarrasser de nous depuis que l’on a organisé une grève au mois de mars, donc ils veulent trouver la faute qui nous éliminera », dénonce l’employée.

Le 25 mars dernier, les délégués du personnel, membres du Syndicat du Commerce Indépendant et Démocratique (SCID), organisent un mouvement de grève pour dénoncer les tensions qui subsistent depuis des années dans le supermarché. « Le directeur du magasin, et la responsable des ressources humaines nous font vivre un enfer, regrette Marie Paulini. Aucun de nous ne travaille dans de bonnes conditions, et cette situation perdure depuis plus de dix ans. Chaque année ça empire, alors nous avons décidé d’agir avec la dernière mobilisation ».

À la suite de la grève, le directeur de l’établissement, Marc Rohner, et la responsable des ressources humaines, Farah Thery, font appel à un huissier de justice et lui transmettent les extraits vidéo des caméras de vidéosurveillance. Le comportement des salariés manifestants y est relaté minute par minute. « On ne pensait pas que la grève était interdite, proteste Serge Camilo, employé et membre du SCID. Ici, c’est la dictature, et le pire, c’est qu’ils ne nous ont pas espionnés seulement pendant la mobilisation ».

Le 31 mars, nouveau procès-verbal établi par l’huissier de justice. Cette fois-ci, le responsable de Cora fournit les extraits vidéo dévoilant le quotidien des salariés depuis le 14 mars. Dans le document, les salariés sont mentionnés, leurs allées et venues détaillées. « Sur ce fichier vidéo, on peut voir Mme Paulini faire un achat, puis quitter le magasin en prenant sur le parking un véhicule ». Dans une autre partie du procès-verbal, l’huissier de justice commente un fichier vidéo filmant une salariée située à l’intérieur de Cora : « Madame Paulini est toujours à la cafétéria ». Pourtant, la Commission nationale des libertés et de l’informatique (Cnil) précise que « le système vidéo ne doit pas être utilisé pour surveiller les salariés du magasin, mais à des fins de sécurité des biens et des personnes ». Pour les salariés de Cora, « cette atteinte à la vie privée doit être dénoncée ».

Le directeur de l’établissement et la responsable des ressources humaines n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Les employés de Cora vont intenter une action devant le conseil de prud’hommes de Montmorency ce vendredi : « Nous allons nous battre jusqu’au bout. Et nous n’hésiterons pas à saisir la Cnil ».

Le parisien